Partie 1

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(NDLR - Fin mars, Ferrisson mettait en ligne l’émission présentée en cette page, une émission abordant un sujet susceptible de générer la controverse. Et c'est ce qui s'est produit. Normal, le sujet traité étant l’implantation des marxistes-léninistes dans le secteur industriel du Québec, autrement dit, l’infiltration, en particulier, de ce qui deviendra le Parti communiste ouvrier (PCOML) dans des « shops » surtout montréalaises. L’émission en explique la genèse, le contexte, le processus, la fin et les conséquences. Par le truchement de trois chercheurs détenteurs de doctorats, dont l’un s’était lui-même implanté dans une usine, l’émission présente des faits et évite les jugements de valeur. Elle donne même la parole à quelques militantes et militants ML qui, après la débandade de 1982-1983, connurent des carrières militantes très utiles à la société québécoise. Ce dont l’émission ne parle pas, c’est du rôle des ML ailleurs dans notre société. Si le document laisse entendre cette réalité, un vécu souvent triste et enrageant, il ne l’aborde pas de façon précise. Traiter de l’infestation ML dans le communautaire (comptoirs alimentaires, garderies, etc.), dans le secteur public (santé, éducation, etc.) et dans la structure syndicale (CSN, Métallos, CEQ, etc.), n’était pas dans les objectifs de Ferrisson. Certains artisans de cette petite équipe ayant été confrontés à l’époque à la présence agitée des ML, il a été décidé de s’en tenir à un angle précis, soit l’implantation de ces gens en usine. À lire les commentaires reçus, nous estimons que la prévisible controverse a surtout été alimentée par notre texte de présentation, un texte, admettons-le, produit un peu trop à la hâte dans un contexte qui n’était vraiment pas idéal et nous nous en excusons. Merci à tous ceux qui ont bien voulu nous transmettre leur réaction. Voici donc notre présentation revue, corrigée et définitive.
De la fin des années 1960 à celle des années 1970, la planète a connu toutes les extravagances sociales et politiques imaginables, dont une révolution culturelle en Chine, un soulèvement réprimé en Tchécoslovaquie, des émeutes à Berkeley, Détroit et Chicago, Mai 68 en France, un chambardement socialiste au Chili, une guerre au Vietnam et le FLQ au Québec, un Québec à qui on attribuera le championnat nord-américain des grèves et des lockouts. Tout était devenu possible et c’est dans ce contexte que nous sont apparus les marxistes-léninistes, les fameux ML.
Chez Ferrisson, nous sommes quelques-uns à avoir côtoyé dans nos syndicats du secteur public ou dans nos organismes communautaires ces militantes et militants. S’il leur est arrivé d’y jouer un rôle divisif, voire destructeur, bref, s’ils nous ont souvent fait vraiment suer, nous n’avons pas toujours été outrés de les voir intervenir dans des luttes comme en santé-sécurité au travail. Ainsi, il peut parfois arriver que l’apport des ML soit aujourd’hui reconnu par certains comme ayant pu être positif, voire déterminant, dans des aspects particuliers de nos organisations. C’est du moins ce que nous retenons de nos entretiens avec les témoins rencontrés et les experts consultés pour cette émission.
La plupart jeunes, idéalistes, dévoués, honnêtes, quelque part romantiques et, généralement, intellectuels, ils ont voulu la révolution, ils ont cru qu’ils contribueraient à mettre sur rails une force de destruction du système capitaliste, un processus de libération des travailleurs. Malheureusement pour eux, malheureusement pour nous, ajouterez-vous d’emblée, ces militantes et militants très insistants n’avaient ni l’expérience, ni l’expertise, pour évaluer le temps nécessaire à leur lutte ou encore pour adapter leur mode d’intervention aux réalités québécoises.
Pour tourner les coins ronds, on peut dire que pendant environ une décennie, quelque 1500 Québécoises et Québécois ayant étudié la pensé de Lénine et son adaptation signée Mao Zedong ont viré une grosse brosse idéologique, laquelle s’est terminée avec fracas sur d'immenses murs à toute épreuve, ceux du néolibéralisme, de la question nationale québécoise et de la réalité féminine. Toute une fin ! Toutefois, une partie de cette force humaine s’est accommodée de la réalité redevenue quotidiennement réelle, bien loin de Moscou, Pékin ou La Havane, et a continué de militer autrement, soucieuse d’être utile au progrès social.
Pour bien présenter le cadre de cette émission, précisons qu’il est essentiellement question ici de l’implantation (de l’infiltration, diront certains) des ML dans plusieurs de nos usines. Pour en parler, nous avons eu recours à deux chercheurs particulièrement qualifiés pour en parler, Jean-Philippe Warren et Guillaume Tremblay-Boily, ainsi qu’à Donald Cuccioletta, intello qui a vécu ouvertement pendant dix ans comme membre du Parti communiste ouvrier (PCOML) dans une usine de l’Est de Montréal où il s’est impliqué sérieusement dans son syndicat affilié aux Métallos.
Les entrevues ont été menées par André Leclerc et la réalisation signée Nelson Dumais.
Bon visionnement !
La militante Jeanne Corbin - Photo : Wikipédia
La Ligue communiste ML qui deviendra le Parti communiste ouvrier - Photo : Domaine public
Présence à une manif du PCCML - Photo : PCCML
Étudiants des premiers cégeps - Photo : Antoine Desilets CC
Charles Gagnon, l'homme du groupe En Lutte! - Photo : Lux Éditeur
Roger Rashi, l'homme du Parti communiste ouvrier (PCOML) - Photo : Monique et Marcel Simard
Manif chez Expro menée par le président du syndicat local, Marc Laviolette - Photo : Archives de la CSN
Illustration : Domaine public
Dissolution des groupes ML vers 1983 - Illustration : Ferrisson
L'omniprésent petit livre rouge de Mao Zedong - Photo : Ferrisson